Le Sourcing en 2025, back to the future...
Il y a quelques jours, j’ai eu l’opportunité de participer à une discussion animée par Nicolas Darcis, avec Guillaume Lothe et François Gauthier lors du 67eme live de Sourceurs ? Non, Peut-être. Le sujet central ? Le sourcing en 2025 : ce qu’il a été, ce qu’il est devenu et ce qu’il pourrait être demain.
Quatre ans après une première discussion sur ce thème, il s’agissait de dresser un bilan, d’explorer les transformations d’un métier en constante évolution et d’interroger ses nouveaux enjeux.
Le constat est sans appel : le sourcing d’aujourd’hui n’est plus tout à fait celui d’hier. Certes, ses fondamentaux – proactivité, méthode et curiosité – restent solides. Mais, à l’aune des avancées technologiques, des bouleversements du marché du travail et de la montée des exigences des entreprises et des talents, le métier a pris une nouvelle dimension.
Alors, qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui est resté ? Et surtout, quelles leçons tirer de ces mutations pour anticiper l’avenir ? À travers cet article, je propose une réflexion structurée en trois axes :
- Retour sur le sourcing “d'hier” : Un métier technique, centré sur l’identification proactive de talents, souvent cantonné à un rôle en coulisses.
- Les moteurs du changement : L’impact de la technologie, les bouleversements économiques et l’évolution des attentes des entreprises.
- Une discipline stratégique : Comment le sourcing s’impose aujourd’hui comme une véritable clé de l’intelligence des talents et du recrutement.
Quatre ans après notre premier bilan, il est temps de reprendre le pouls du sourcing et de comprendre comment il s’adapte dans un monde en pleine mutation. Alors, mort ? Mutation ? Ou métamorphose ? C’est ce que nous allons explorer.
Le Sourcing d’Hier et d’Aujourd’hui : un métier en mutation
Il était une fois un sourcing au cadre restreint
Ah, le sourcing “d'antant”, à la Papa… Le terme agace, et à juste titre ! Il évoque une pratique rigide, presque figée dans le temps, alors qu’en réalité, même à ses débuts, le sourcing se voulait innovant. Fin des années 2018, l’approche se concentrait sur un objectif précis : transformer des individus en candidats potentiels. Nous parlons du sourcing dans son approche restrictive, celle qui correspond à Cibler, identifier et approcher des personnes pour les convertir en candidats.
Le sourcing vient alors répondre aux besoins non pourvus par les canaux traditionnels qu'utilise habituellement l'entreprise.
Pour les sourceurs de l’époque, la mission est claire : partir à la chasse. Armés de leurs glaives booléens, de leurs arbalètes "lemlistiennes" et ou encore de leur sortillège "kasperiens"... chevauchant de rutilants ATS nourris par un pipeline LinkedInien, ces Héros d'alors, explorent les techniques de recherche avancées, l'engagement séquentiel copywritté. Le booléen est alors leur sésame pour dénicher ses pépites enfouies dans l’océan du web.
Une démarche proactive au cœur du métier
Le sourcing alors se distingue par sa proactivité. On ne se contente plus de poster une annonce et de prier : On va chercher, identifier, et parfois même convaincre des individus d’envisager une opportunité. Cela implique non seulement de maîtriser les outils techniques, mais aussi d’adopter une posture de persuasion.
Et pourtant, à cette époque, le sourcing est perçu comme une sous-branche du recrutement. Une sorte de discipline technique, indispensable mais souvent cantonnée à un rôle en coulisse. Les recruteurs détiennent alors le pouvoir stratégique, tandis que les sourceurs, bien qu’essentiels, sont vus comme des exécutants. Une hiérarchie tacite existe, à de rares exceptions, les sourceurs sont des bébés recruteurs... et les lignes de démarcation semblent alors immuables.
L’Évolution du Sourcing : vers une vision plus stratégique
Une définition en expansion
Ces dernières années, le sourcing a profondément évolué, à tel point que le terme lui-même semble parfois trop étroit pour englober la réalité du métier. Désormais, il ne s’agit plus seulement de trouver des candidats.
Le sourcing s’ouvre à des dimensions bien plus larges :
- Analyse de données : Comprendre les tendances du marché, identifier les bassins de talents, et anticiper les besoins.
- Veille concurrentielle : Observer les stratégies des entreprises concurrentes pour mieux se positionner.
- Mobilité interne : Identifier les talents déjà présents dans l’entreprise pour leur proposer des opportunités d’évolution.
Le sourceur d’aujourd’hui est devenu un véritable analyste, un stratège capable de fournir des insights précieux pour orienter la politique talent acquisition. Cette transformation est particulièrement bien illustrée par des parcours comme celui de Guillaume, présent lors de la discussion, qui a su passer du rôle de sourceur à celui d’expert en talent intelligence.
Une montée en puissance du rôle
Autrefois techniciens, les sourceurs sont désormais des acteurs clés de la stratégie de recrutement. Cette évolution a également bousculé les rapports entre recruteurs et sourceurs. La ligne hiérarchique s’estompe, laissant place à une collaboration plus égalitaire. Dans certaines organisations, les sourceurs jouent même un rôle prépondérant dans la définition des besoins en talents, participant ainsi directement aux décisions stratégiques.
Pourtant, cette montée en puissance ne s’est pas faite sans effort. La méthodologie, la compréhension fine des contextes économiques, et une adaptation constante aux nouvelles technologies ont été les clés de cette transformation.
Une réflexion plus globale
Balazs Paroczay dans une de ses dernières keynote résume bien cette évolution. Il met en lumière l’importance de voir le sourcing comme un processus dynamique, en interaction avec l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise. Aujourd’hui, un bon sourceur n’est plus simplement celui qui trouve, mais celui qui comprend, analyse, et anticipe.
Alors, le sourcing traditionnel, dépassé ? Pas tout à fait. Il reste une base solide sur laquelle le métier continue de se construire. Mais il est évident qu’un profond changement de paradigme s’est opéré. Cette mutation, encore en cours, redéfinit non seulement le rôle des sourceurs, mais aussi leur place au sein des organisations.
Ces évolutions impactent concrètement les pratiques et le sourcing moderne s’intègre dans une approche holistique du recrutement.
Les Facteurs de Transformation du Sourcing : Le Début de la Fin ?
Nous l'avons vu le sourcing est en pleine révolution. Mais cette transformation soulève des questions cruciales : la technologie et l’automatisation marquent le début d’une ère prometteuse ou le chant du cygne pour certains aspects fondamentaux du métier ? Voici un état des lieux des forces qui redessinent le paysage du sourcing en 2025.
L’impact de la technologie et de l’IA
Des outils de plus en plus sophistiqués
Souvenez-vous de l’époque où LinkedIn n’était qu’un annuaire numérique pour professionnels. Au fil des ans, la plateforme s’est métamorphosée en un véritable écosystème dédié au recrutement. Avec des fonctionnalités de plus en plus sophistiquées comme les alertes intelligentes, les recommandations basées sur des algorithmes, ou encore les modules d’analyse avancée, LinkedIn a simplifié une partie du travail des sourceurs.
Mais LinkedIn n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les outils d’agrégation de données, les extensions de navigateur pour l’extraction d’informations, et les logiciels de gestion de candidats dotés d’IA ont également bouleversé la donne. Résultat ? Des tâches répétitives, comme l’envoi de messages ou la présélection, peuvent désormais être automatisées en quelques clics.
L’IA : Une aide précieuse, mais pas sans limites
L’intelligence artificielle s’impose comme un levier puissant pour gagner en efficacité. Avec des technologies comme le machine learning, l’IA peut non seulement identifier les meilleurs candidats potentiels, mais aussi prédire leur compatibilité avec une organisation. Une révolution, certes, mais qui vient avec son lot de questions.
Car derrière ces prouesses se cachent des limites. L’IA, bien qu’excellente pour analyser des données, manque encore de finesse dans l’interprétation des nuances humaines. Peut-elle vraiment percevoir la singularité d’un parcours atypique ou l’enthousiasme palpable d’un candidat lors d’un échange informel ? Et surtout, comment préserver cette relation humaine essentielle dans un métier qui repose avant tout sur la confiance et l’empathie ?
La « fin du hack » et la montée des approches structurées
Les techniques de recherche booléenne, autrefois l’apanage des sourceurs experts, tendent à perdre leur éclat. Pourquoi ? Parce que les outils modernes masquent désormais la complexité des requêtes sous des interfaces intuitives. En d’autres termes, ce qui était autrefois un véritable savoir-faire est aujourd’hui à la portée de tout recruteur équipé d’un logiciel dernier cri.
Cette simplification peut sembler séduisante, mais elle pose une question de fond : si tout le monde peut faire du sourcing basique, quelle est alors la valeur ajoutée du sourceur ?
Pour se différencier, il devient impératif d’adopter une approche plus stratégique, axée sur l’analyse contextuelle, la personnalisation, et la compréhension fine des besoins des entreprises.
Vers une déshumanisation de la relation ?
Automatiser, c’est bien. Mais jusqu’à quel point ? Lorsque chaque interaction devient standardisée, ne risque-t-on pas de perdre l’essence même du recrutement : la relation humaine. Les candidats, lassés des messages impersonnels générés en masse, cherchent des connexions authentiques. Pour les sourceurs, l’enjeu est donc de trouver le juste équilibre entre efficacité technologique et humanité.
Un contexte économique en pleine mutation
En 2025, le contexte économique incite à la prudence. Les entreprises, confrontées à des incertitudes croissantes, ralentissent leurs recrutements et restructurent leurs équipes.
Le retour du recruteur généraliste
Dans ce climat, la tendance est au recentrage. Plutôt que de maintenir des équipes spécialisées, de nombreuses entreprises optent pour des recruteurs généralistes capables de gérer l’ensemble du processus, du sourcing à l’onboarding. Cela ne signifie pas la disparition des sourceurs, mais plutôt une redéfinition de leurs rôles, souvent intégrés dans des équipes plus transversales.
Cette évolution pousse les professionnels du sourcing à élargir leurs compétences et à adopter une posture de « recruteur hybride », mêlant expertise technique et gestion plus large des talents.
La consolidation des plateformes et la “monopolisation”
LinkedIn : Un “one-stop shop” pour les recruteurs
LinkedIn continue de régner en maître sur le marché du recrutement. Sa position dominante en fait une solution incontournable pour le sourcing, au point que certains recruteurs ne jurent plus que par cette plateforme. Avec ses outils de plus en plus performants, LinkedIn est devenu un véritable « one-stop shop », permettant de rechercher, contacter, et suivre des candidats au même endroit.
Mais cette centralisation comporte un risque : celui de la dépendance. Si LinkedIn devenait inaccessible ou modifiait ses règles, de nombreux recruteurs se retrouveraient démunis. Voilà pourquoi il est essentiel de diversifier ses sources et de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Aller au-delà de LinkedIn
Pour rester compétitifs, les sourceurs doivent explorer des terrains moins balisés. Des plateformes de niche, des forums spécialisés, ou encore les réseaux sociaux émergents offrent des opportunités souvent négligées. Cette capacité à aller au-delà du « sourcing facile » deviendra un marqueur différenciant entre un recruteur classique et un expert en talent intelligence.
Entre avancées technologiques, mutations économiques, consolidation des plateformes, le sourcing traverse une période de transformation profonde. Si certains aspects du métier tendent à se simplifier, d’autres nécessitent une expertise accrue.
Le Sourcing se meurt-il vraiment ? De la Nécessité d’une nouvelle vision
Le sourcing, dans son essence, est bien vivant. Pourtant, la manière dont on le perçoit et l’exerce a profondément changé. Ce n’est plus seulement un ensemble de techniques ou d’outils, mais une philosophie, un état d’esprit. Alors, le sourcing, mort ou métamorphosé ?
Le Sourcing comme État d’Esprit
Une curiosité et une logique avant tout
Le sourcing n’est pas une compétence qu’on apprend mécaniquement, mais un état d’esprit. À la base, il s’agit de curiosité : l’envie de comprendre, de chercher, et de connecter. C’est aussi une logique, une manière de structurer ses recherches et de poser les bonnes questions. Pourquoi ce profil ? Où le trouver ? Comment l’intéresser ?
Ce n’est pas une activité qu’on peut imposer à un recruteur comme une simple tâche sur une to-do list. Sourcer, c’est vouloir sourcer. C’est un goût pour l’exploration et la découverte, un plaisir presque ludique à résoudre des énigmes humaines. Et cette mentalité dépasse largement le cadre du recrutement : elle peut s’appliquer à l’intelligence commerciale, à la veille stratégique, ou même à la recherche scientifique. C'est un des éléments intrinsèques qui rend le sourcing non scallable ou si difficilement.
Une mentalité adaptable
En fin de compte, le sourcing n’est pas un métier isolé. C’est un mode de pensée, une capacité à se plonger dans l’inconnu avec méthode et persévérance. Cette mentalité est donc adaptable à de nombreux domaines, dès lors qu’il s’agit de collecter, d’analyser et d’interpréter des informations pour en faire une force décisionnelle.
L’Importance de la Méthode et de la Stratégie
Les outils ne font pas tout
On ne le dira jamais assez : les outils modernes, aussi performants soient-ils, ne remplacent pas une méthodologie rigoureuse. La technologie peut aider à accélérer les recherches ou à automatiser certaines tâches, mais sans une vraie stratégie, elle devient rapidement inefficace.
Une bonne méthode commence par une compréhension fine du contexte de l’entreprise :
- Quels sont ses besoins ?
- Quelle est sa culture ?
- Quels profils s’y intégreront naturellement ?
En répondant à ces questions, le sourceur peut non seulement cibler les bons profils, mais aussi adapter son approche pour maximiser l’impact de chaque interaction.
La personnalisation & séduction au cœur du processus
La relation candidat reste l’un des piliers du sourcing. Le sourcing est aussi une affaire de séduction. Chaque interaction se doit d'être personnalisé, chaque échange doit refléter une véritable attention. Ce niveau de détail est souvent ce qui différencie un sourceur d’un recruteur classique, plus habitué à gérer un flux entrant (candidats/postuants vs profils approchés/chassés).
Dans un monde où les candidats reçoivent de multiples sollicitations par semaine, parfois très standardisées, offrir une expérience humaine sur-mesure fait toute la différence.
Le Sourcing comme Talent Intelligence
L’ère de la donnée
Le sourcing moderne ne se limite plus à trouver des candidats. Aujourd’hui, il s’agit aussi de comprendre le marché et d’en tirer des informations stratégiques. Bienvenue dans l’ère de la talent intelligence.
Un sourceur capable d’exploiter les données est un atout inestimable pour son entreprise. Par exemple, il peut :
- Identifier les bassins de talents inexploités.
- Repérer les tendances émergentes dans le recrutement.
- Fournir des insights sur les mouvements des concurrents.
Cette capacité à analyser et à interpréter les données permet au sourceur de dépasser son rôle opérationnel pour devenir un véritable conseiller stratégique.
Aider les décideurs à prendre les bonnes décisions
En mettant en lumière des opportunités ou des risques que l’entreprise n’avait pas encore envisagés, le sourceur se positionne comme un partenaire clé des décideurs. Il ne se contente plus d’exécuter des recherches : il aide à orienter la stratégie globale en matière de gestion des talents.
Le Recrutement comme une fonction jumelle
Sourcing et recrutement : des rôles complémentaires
Sourcing et recrutement ne sont pas opposés. Ce sont deux fonctions jumelles, chacune avec ses spécificités et sa valeur ajoutée. Alors que le sourcing se concentre sur l’identification et l’attraction, le recrutement prend le relais pour évaluer, convaincre et finaliser.
Dans certaines organisations, l’approche « full-stack » – où un même professionnel gère l’ensemble du processus – peut être pertinente. Mais cette solution dépend largement du contexte, notamment du volume de recrutement et de la taille des équipes. Pour des recrutements complexes ou en grand nombre, la séparation des rôles reste souvent plus efficace.
L’importance de l’alignement stratégique
Quelle que soit l’organisation, l’essentiel est que sourcing et recrutement soient alignés sur les besoins et la stratégie de l’entreprise. Cela nécessite une communication fluide et une collaboration étroite entre les équipes. Car au final, l’objectif est le même : trouver et engager les meilleurs talents pour répondre aux défis de l’entreprise.
Entre Essoufflement et Renouveau, le Sourcing à un Tournant Stratégique
Le sourcing n’est pas mort. Il se réinvente, évoluant d’un rôle technique et opérationnel vers une fonction stratégique et analytique. Les entreprises d’aujourd’hui ne se contentent plus de recruter : elles veulent comprendre les dynamiques du marché, anticiper les tendances et identifier les opportunités.
Dans ce contexte, des approches comme le talent intelligence et le talent mapping s’imposent comme des axes majeurs. En combinant analyse des métiers, enjeux économiques et compréhension concurrentielle, ces disciplines redéfinissent la place du sourceur au sein des organisations. Celui-ci devient un conseiller stratégique, un acteur clé de la gestion des talents.
Pour autant, cette transformation ne doit pas éclipser l’essence même du sourcing : la relation humaine. L’automatisation et les outils technologiques apportent efficacité et précision, mais ne peuvent remplacer la richesse d’un échange authentique ou la valeur d’une relation personnalisée.
Si ces évolutions vous intriguent et que vous souhaitez en savoir plus sur des pratiques comme le talent mapping, je vous invite à rejoindre au workshop que j’organise le 6 février prochain. Cet atelier sera une introduction au market mapping, une compétence clé pour intégrer stratégie et vision dans vos pratiques de sourcing.
Ensemble, explorons comment faire du sourcing un levier d’impact durable. Rejoignez-nous et participez activement à cette transformation passionnante.