4 janvier 2022

Ce que l’ultra-runner peut apprendre au sourceur

2  comments

Pierre-André Fortin
Pour une fois pas de méthodologie, d'outil ou de hack, mais un article murit dans et par le désert, sur ma vie de sourceur/runner...

Il y a deux mois, je participais et finissais le 35ᵉ Marathon des Sables - un raid par étapes de 250 km en autonomie dans le désert marocain. Durant, 6 jours, par plus de 45° à l’ombre, j’avancerai, un pied devant de l’autre. Une épreuve physique et mentale d’une rare intensité ! 

Si le pourquoi et le comment de ma participation à cette course sont encore en cours de rédaction, je voulais commencer cette série d'articles plus personnels par ce que cette course m'a appris.

Et finalement, sur ce que l'ultra-runner peut apprendre à l'Ultra-sourceur.

La course à pied fait partie de ma vie depuis 18 ans maintenant. De mon premier kilomètre à aujourd'hui, des milliers d'heures à penser, imaginer, réfléchir et courir bien sûre. Le running, c'est ma soupape, mon évasion, ma bouffée d'oxygène ! 3 à 4 fois par semaine, je chausse les baskets pour une heure, deux heures, trois heures, la plupart du temps seul. Une occasion unique d'être avec soi-même !

Mes pérégrinations m'ont ainsi conduit à courir des distances de plus en plus longues, 10, 20, puis 42 km durant lesquels je découvre alors des sensations uniques et décide d'aller au-delà sur de l'ultra-marathon. L'ultra-marathon ou ultra couvre les distances supérieures au marathon 42,295 km, pour ma part des distances de 80 Km ou des courses par étapes de 200 km et plus.

Que tirer de l'ultra-marathon et du Marathon des Sables? 

Spoiler alerte, à Toi lecteur pressé voici ce que j'en retire : 

  • Une bonne dose d’optimisme
  • L’échec n’est pas une option
  • C’est la discipline, pas la motivation qui te fait avancer
  • Plus tu es préparé, mieux c’est ! 
  • Il faut durer pour arriver


"Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…"
"Certes mon ami, mais je sais votre temps précieux..."
"Et bien développons et voyons un peu"


De l'optimisme! 

Quand tu te lances dans le sourcing d’un Java Développeur de 7/8 ans d’expérience ou toutes autres compétences rares et prisées, tu sais une chose : ça ne va pas être simple ni facile... et il te faudra une bonne dose d’optimisme, non pas parce que la mission soit impossible ou infaisable… mais parce qu’à première vue cela risque d’être long… qu’il y aura des moments critiques, du découragement… Et en définitive, cette foi en Toi, cet optimisme te fera garder le cap quand l’envie d’arrêter, d’abandonner sera pesante. Car Oui recruter un profil rare, recherché de tous, forcément, ça ne se fait pas comme ça! 

Quand j’entreprends un ultra, je ne vois pas la difficulté, la peine ou la fatigue, ils font partie intégrante du voyage, je vois l’arrivée, je prends le départ avec cette conviction, cet optimisme chevillé au corps… "Je vais y arriver". Il ne s’agit pas d’un autisme béa… Il est évident qu’on ne se lance pas dans 250 KM sans entraînement ni préparation… mais quand je me lance… c’est avec la conviction que : « je vais y arriver, parce que j’ai fait ce qu’il fallait pour ! ».


L'échec n'est pas une option

Dans cette perspective l’échec n’est pas une option. Quand je prends le brief, je m’assure des tenants et aboutissants du projet… je pèse chaque paramètre, j’implique naturellement mon Hiring Manager dans mon questionnement… Pourquoi veux-tu recruter ? Qu'elle est ta vision sur le poste? L'entreprise... En quoi ce travail est-il intéressant ? Pourquoi vais-je démissionner de mon poste actuel pour vous rejoindre?  Et toi, si je t’approchais pour ce job y irais-tu?

Les réponses importent autant que l’argumentation de mon interlocuteur, ce sont des éléments précieux pour cadrer la mission, pour comprendre et évaluer la faisabilité du projet. Évaluée, mesurée, cadrée, je peux lancer la recherche... dans cette perspective, l’échec n’est pas une option, quoiqu’il arrive nous irons au bout, parfois nous devrons réaménager le projet, l’amender, mais nous irons au bout, l’échec n’est pas une option.

Être patient, ne pas se décourager, s’accrocher, nous allons vivre des moments difficiles… il y aura ces moments euphoriques puis des coups de moins bien. Les montagnes russes émotionnelles du candidat qui nous dit oui, puis nous dit non. De ces kilomètres qui n’en finissent plus. De l‘épuisement quand il faut recommencer un sourcing à zéro. Il nous faudra puiser en nous pour surmonter cette épreuve. Au nom de quoi ? De l’envie d’y arriver, d’être finisher. Une bonne dose de motivation, mais surtout...  de la discipline ! 


De la discipline

La motivation seule ne suffit pas ! Ce qui te fait avancer dans le dur… C’est la discipline. Lorsque par 58 degrés j’avance, le corps ployé sous le soleil… que la chaleur est intense et me brûle le visage… ce n’est plus la motivation qui me fait avancer, c’est la discipline… Un pied devant l’autre… j’avance, parce que c’est ce que j’ai à faire… C’est le job qu’on attend de moi à ce moment… je délivre… patiemment… Il n’y a plus de place pour rien d’autre que ce travail. Je respecte l’engagement pris, ce n'est pas drôle, mais c’est le job… tant que mon corps me permet d’avancer… J’avance… et puis vient la ligne d'arrivée... la libération, c'est là qu'on ressigne...

Si le sourcing jouit actuellement d’une aura « fun » et « cool », c’est avant tout un métier où l’abnégation est un élément clé dans la réussite. Quand cela fait 20 appels que j’essuie un refus… est-ce la motivation qui me fait passer le 21ᵉ ? Non ! C’est la discipline !  Et la conviction que je vais y arriver parce que je fais ce qu’il faut pour.

Comme en course… nous ne présentons ni ne parlons souvent que de la partie "paillettes"… de l'arrivée... Oubliant ce qu'il nous a fallu déployer pour y arriver... C'est besogneux, pas très glamour… il faut sans cesse se remettre sur l’ouvrage… certes, nous ne sommes pas à la mine... mais tout de même...

En 18 ans de course à pied, je n’ai abandonné qu’à une reprise sur blessure… la décision fut d’autant plus difficile qu’il ne me restait que 30 km à parcourir sur une les 205 à réaliser. En revanche, il m’est souvent arrivé de renoncer à prendre le départ d’une course pour laquelle j’étais inscrit, faute de préparation, de sommeil, de temps... Mais, dès lors, que je décide de prendre le départ, c’est pour finir. Je n’y vais en me disant « sur un malentendu, ça passera ». Comme en sourcing, il n’y a pas de hasard. 


De la préparation

Plus tu es préparé mieux c’est !!! 

Sans Rire ?! La préparation est un élément déterminant de la réussite. Pour autant, si je prends le cas de la course à pied, on a trop tendance à ne voir que la préparation physique, l’entrainement, les kilomètres parcourus, alors qu’en définitive, pour une course comme le Marathon des Sables, le physique ne compte que pour un tiers - le reste, c’est de la préparation de son matériel, de ses vivres et du mental. 

Ramené au sourcing, ce n’est pas parce que je maitrise le booléen et que je suis black-belt sourcer de telle ou telle formation que je vais y arriver, en tout cas pas uniquement. J’ai longtemps fait du sourcing sans connaitre les opérateurs avancés de Google, ni les arcanes de GitHub. Et pourtant je sourçais et recrutais des profils pénuriques!

J’ai toujours sourcé avec méthode, travaillant mon market-mapping, en prenant le temps de comprendre les métiers pour lequel je chassais… et en maitrisant l’ensemble des outils que j’avais à disposition.

Je n’ai jamais hésité à perdre un peu de temps afin de comprendre un sujet si cela permettait d'en gagner par la suite. Je prépare mes recherches, me documente sur un milieu pour en comprendre les us & coutumes, les codes quitte à jouer au sociologue; cela me valut parfois quelques remarques de mes managers m'affirmant que je me dispersais... Certes, mais cela me permettait ensuite d’interagir mieux avec mes prospects/candidats. 


La difficulté? Se lancer ! 

Alors que je prépare le MDS 2020, le Covid 19 impose à l’organisation de reporter la course de 6 mois… c’est un coup dur… mais je ne suis pas prêt… ce report me soulage… 6 mois passent… nouveau report… tant mieux je n’étais pas prêt… Nous vivrons ainsi 3 reports de course… lorsque le 10 aout 2021, je reçois le mail de l’organisation, j'ai le choix d'un nouveau report ou de partir en octobre… Le timing est juste, très juste… Je suis en congé avec les miens et le voyage que nous faisons ne me permet pas de structurer mon entraînement comme je le souhaiterai… Je suis tenté un instant de reporter et puis finalement je me lance… j’étais prêt, mais l’angoisse, la peur… m’ont fait hésiter, pas longtemps, mais hésiter tout de même…

Se lancer dans ce type d’aventure, c’est comme sourcer un profil nouveau pour la première fois… il y a une part d’inconnu... Une incertitude que la préparation tente de réduire.

En définitive, il s'agit à un moment ou à un autre de sortir de sa zone de confort... dans le cas présent, la préparation était devenue ma zone de confort... et en sortir, c'était aller vers l'inconnu. Ce que je ne connais pas est ce qui me fait peur... La peur nous limite ! Sortir de sa zone de confort, c'est surmonter ses peurs et élargir le champ des possibles, repousser ses limites.


De la gestion de son sourcing et de sa course...

Pas besoin d'aller courir 200 km pour sourcer... évidemment... Pratiquant les deux activités depuis 20 ans, j'y ai vu forcément des parallèles. Outre l'activité solitaire, car tout comme le runner est seul face à lui-même dans une course, le sourceur est seul face à son écran et face au candidat... C'est un beau métier, dans lequel notre travail a un véritable impact tant sur l'entreprise que sur les personnes que nous recrutons... mais c'est aussi un métier ingrat, difficile, stressant... dans lequel on a vite fait de s'épuiser. Celui qui dure n'est pas forcément le plus rapide, le plus fort, mais celui qui gère au mieux sa course, C'est un métier d'endurance

Outre ces considérations, l'effort long, n'est soutenable que parce qu'il est fractionnable ! Autrement dit, quand je prends le départ d'une course de plus de 240 km, je ne pense pas à cette folle distance, je pense à la première étape (32 km), et au premier ravitaillement de cette étape, soit 12 km. Pour durer et aboutir, il faut fractionner méthodiquement le projet en étapes. Ne partez pas tous azimuts, prenez le temps de poser des jalons à votre campagne de sourcing.

Je concède volontiers que ces préceptes ne sont pas l'apanage du sourcing ou de la course à pied, vous les retrouverez dans bien d'autres disciplines et pratiques de hautes intensités. L'essentiel est ailleurs, par-delà la victoire et l'achèvement, il y a ses heures difficiles, si âpres, ces découragements tus, ces larmes versées qui font la victoire si belle !  

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Mark Twain


En juin prochain, si le covid 19 le permet, je prendrai le départ du Grand Raid de l'Ultra-Marin pour 177 km autour du Golfe du Morbihan.


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  1. Merci pour ce partage.
    Faisant du vélo (gravel) et du sourcing je comprends tout à fait le parallèle !

    Sébastien

    1. Merci Sébastien pour ce partage ! Je fait un peu de Gravel aussi quand je ne cours pas… Après un Paris-La Rochelle avec mon fils (Euro vélo 6 & Vélo Francette), le 14 juillet dernier, j’ai très envie d’aller faire un tour un de ces prochains week-end du côté du Mont Saint-Michel… Projet pour cet été – Paris/Londres en vélo et à 5 en famille ! 😉

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